Avec « les Herbes sèches », le réalisateur palmé d’or de « Winter Sleep » prolonge son théâtre de la comédie humaine. « L’Obs » l’a rencontré, ainsi que son actrice primée à Cannes, Merve Dizdar.
Le thermomètre affiche 28 degrés, Nuri Bilge Ceylan enfile un col roulé. Il laisse son regard vagabonder par la fenêtre et, réfractaire au commentaire, rétif à délivrer le moindre prêt-à-penser, élude les questions en deux phrases ramassées. Ou les achève à bout portant :Il déteste les pourquoi, n’aime pas plus les comment. Le contraire absolu du « bon client ».
Neuf longs-métrages, pour la plupart primés dans les festivals, lui ont sculpté une stature internationale. Ceylan, 64 ans, les voit une fois en salle, ne les revoit jamais :Ils me donnent envie de disparaître. A chaque nouveau tournage, j’essaie de retrouver mes yeux d’enfants, de ne pas tenir compte de ce que j’ai accumulé auparavant. »
Disparaître ? Pas gagné. Dislocation d’une famille scandée par le barouf d’une voie ferrée , déréliction conjugale placée sous les auspices d’Anton